Voilà minutieusement reconstituée la tradition anti-urbaine aux États-Unis, depuis les premières communautés cherchant une alternative aux formes traditionnelles de regroupement en agglomération. Longtemps considéré comme un paradis, ce Nouveau Monde offre de l'espace et de la nature à revendre. Alors quand les premiers effets de l'industrialisation se dessinent en ville, penseurs et poètes voient, dans un retour auprès de la nature et à la vie sauvage, une volonté de renouer avec la vraie tradition américaine, celle du pionnier.
Sur ce nouveau territoire, la ville est jugée comme une tare européenne dont l'importation apparaît inopportune, pire dénoncée depuis le XVIIIe siècle par nombre de philosophes, penseurs, prêcheurs, etc. Au début du siècle dernier, architectes et urbanistes relaient cette critique de la ville corruptrice. Ainsi, le grand architecte américain Frank Lloyd Wright prône une désertion des villes pour renouer avec les bases agraires originelles de la civilisation américaines. Il voit dans la démocratisation de l'automobile, l'outil qui permettra la fuite hors la ville, loin de toute concentration.
L'encouragement à résider sur des terrains vierges loin des centres villes est devenu depuis un mode dominant de la croissance urbaine. Ce phénomène d'étalement urbain et de suburbanisation trouve en Los Angeles son exemple majeur. Certains analystes de cette métropole, tel Mike Davis, le considère, comme annonciatrice du chaos et des catastrophes à venir. Au bout du compte, la célébration du paysage et celle de la nature auraient-elles produit la pire des communautés humaines ? Toutefois, Seattle ou Phoenix conçoivent une autre façon d'habiter le monde dans une relation plus attentive avec le paysage.
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