Anne, la narratrice, Alice et Romain avancent main dans la main
dans une vie qu'on pourrait croire douce. Promenades au Champ de
Mars, au pied de l'immeuble familial, équitation, prestigieuse école
privée... Soeurs et frère, ils reçoivent cette bonne éducation des
grandes familles bourgeoises, qui enseigne aux enfants culture, droiture,
respect. Mais quand le vernis craque, quand la violence s'insinue,
quand la famille se décompose, ce voile de bonnes manières les réduit
au silence et les consume à petit feu.
Heureusement, peinture, littérature, musique apportent espoir et
réconfort. Et puis il y a June, la jeune fille au pair, Adélaïde et Marianne,
les grands-mères attentives, et le cheval, le Pays de Galles et la
Normandie - rêves et instants de liberté.
Dans ce roman d'apprentissage, la cadette prend la parole, délie
les mots prisonniers d'une lourde chape de silences et de non-dits.
Elle raconte, démêle les souvenirs, souffre, grandit. Et le lecteur absorbe
l'émotion qu'offre une narration sensible où pas un mot ne manque,
pas un mot n'est superflu.
Dans le sillage de François Mauriac et Hervé Bazin, Sylvia Tabet
embrasse ici une certaine tradition littéraire française, qui nous convie
au plus près de l'intime, du fragile.
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