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En épigraphe de son roman, Didier Pemerle cite Maurice Blanchot : “Thomas, aussi, regarda ce flot d’images grossières, puis quand ce fut son tour, il s’y précipita, mais tristement, désespérément, comme si la honte eût commencé pour lui.” Le narrateur d’Un monument au mont Gerbier-de-Jonc, de même, se précipite dans les images surgies du plus profond de lui, afin de les affronter. Il s’efforce, dans un premier temps, de leur imposer la distance fragile d’une fiction, de les maintenir dans l’ordre précaire du récit. Lendemains de guerre atomique, building en plein désert où l’on tente, sur des enfants, une opération-survie, village maudit où se traînent des êtres en décomposition, irruption de troupes étranges, émanant d’un pouvoir policier — mais, aussi, au cœur de ce monde que ronge une mort hideuse et sournoise, le narrateur et sa sœur, leurs relations inquiètes, les conflits avec un frère et un père : le roman d’anticipation, on le pressent, ne constitue ici que le langage électif d’une culpabilité diffuse. Et c’est alors que cette fiction cède, d’où le décrochement — la chute — qui apparaît dans le cours de la narration. La honte se cherche un autre cours, un autre lieu, déplacé dans un univers plus proche, semble-t-il. Mais ce n’était qu’un détour. Dans la dernière partie, la parole se recentre, remonte à son jaillissement même, dans la répétition, obsédante et balbutiante, de ses images les plus élémentaires. C’est, on le voit, une entreprise fascinante que celle de Didier Pemerle. A travers son acharnement même, son écriture à la fois ample et figée, elle nous reconduit à ce creuset incandescent où s’échangent l’écriture et le désir.