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Beethoven, comme on lui demandait ce que signifiait la sonate qu’il venait de jouer, répondit : je vais vous expliquer, et la rejoua. Ceux qui seraient tentés de poser la même question à Jean-Louis Avril, à propos de THU, s’exposent à recevoir la même leçon. L’écriture de Jean-Louis Avril participe, en effet, de la même création, irréductible à la définition, comme à toute autre forme que soi-même, que la musique. Entendons par musique, non pas le chatouillement agréable de l’oreille — qui n’est que musicalité — mais la logique secrète, la cohésion a-tomique d’une note aux autres notes d’une même aria. Mais si la musique, en dépit de son essence mystérieuse, est tout de même généralement reçue, il n’en va pas ainsi quand, la phrase perdant son sens utilitaire de prose pour ne se faire qu’un dynamisme d’images, le mot remplace la note. Cet affût, cette tentative de captation du courant vital profond, il est de mise aujourd’hui de le condamner, comme le jeu désuet d’une école littéraire classée en le taxant d’écriture automatique. C’est parer, grossièrement, son impuissance à faire coller le mot à l’imago, du masque de la suffisance. Les rares poètes de l’onirisme, savent de quel prix (autre que celui du beefsteack, cher à telle autre école poétique), celui du risque, il faut payer, et quel patient labeur représentent leurs plongées prométhéennes. Même si la note d’humain en prise directe, se dégage encore mal de cet « opéra fabuleux » qu’est l’adolescence finissante, le Thû de Jean-Louis Avril s’inscrit dans la lignée de "Où boivent les loups" et "l’Homme approximatif" de Tristan Tzara. À défaut d’une voix toute à lui, que je suis sûr qu’il ne tardera pas à se trouver si l’existence, comme à Rimbaud, ne casse pas les reins au trop naïf poète, cette filiation est, à elle seule, un titre. Pour le saluer, j’espère le lecteur capable de fournir l’effort propre à voir le poème autrement qu’à travers le chas de la raison pratique. Quant à la critique qui — qu’elle l’aime ou non — n’entendra pas la voix de THU, je lui souhaite, pour sa bonne mine, d’ignorer la mauvaise conscience.