... On est là, dans la forme nouvelle de la nature, dans un
lieu rendu à la nature, la ville infinie peuplée de transparences,
de formes insaisissables non porteuses d'ombre, gigantesque
amas de murs, de caches, d'enceintes communicantes, amoncellements
d'étages de lieux à dormir, de lieux tournants,
abrupts, sombres ou clairs, enfin lieux de fuite où leur
échapper, se rencontrer, se reconnaître, où ne faire rien, où
s'aimer, où se tuer, où aimer, rencontrer, embrasser, caresser,
aimer, grandir, où rire, rire, aimer, être seul au bord du
précipice de la mort puis retrouver Maniaë, Leyo, et rire de
bonheur et désirer, aimer, grandir, toujours, toujours dans
tous les sens, le sien et celui des autres. Pas un mot, jamais,
de poison moral. Oui, il y a là une immensité. On le sait, on
le perçoit. Tout à coup, au cours de la lecture un seuil se
franchit, le livre n'a plus de fond, plus de paroi, il est dehors
tout aussi bien, il vous entoure, vous engloutit à son tour,
on ne lit plus comme avant tout à coup, lire n'est plus le mot
qui convient, on est entré dans l'espace de la ville je crois.
On marche. On entre. On veut retenir Leyo de mourir, on
pleure, on aime, on marche, on entre.
Marguerite Duras.
(Extrait de la préface)
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