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À cette même place de l'étude critique du Pantagruel, nous disions, parlant de l'étude à venir sur le Gargantua, que Marc Berlioz avait déjà, pour celle-ci, mis au jour le contenu des fanfreluches antidotées auxquelles, comme on sait, personne n'avait vu le moindre sens. Or, la signification de ces fanfreluches est bien là, extraite au moyen de la méthode employée pour le Pantagruel. Cela représente quelque soixante pages d'explications, dont il ressort que le sens ne peut qu'être celui que révèle le chercheur quoique, à son habitude, il invite chacun à réexaminer derrière lui, quitte à le reprendre, pourvu que ce soit pour mieux entendre. Mais, comme pour le Pantagruel encore, ce n'est pas d'un seul morceau qu'il renouvelle la lecture, c'est de tout le texte, tout au moins du Prologue au chapitre XXIV. Car, pour ce Gargantua - qui est peut-être des cinq Livres celui qu'on a le plus analysé - les recherches à mener ont été si nombreuses, qu'il a bien fallu faire deux tomes. Ainsi, outre les fanfreluches, c'est le prologue qui est entendu d'une manière nouvelle, qui paraît maintenant être la seule bonne. C'est aussi le chapitre des propos de bienyures, qui prend un nouveau relief. Mais c'est surtout un des chapitres, où n'ont pas coutume de trop s'arrêter les Rabelaisants, celui des 216 jeux de Gargantua, pour lequel Marc Berlioz a découvert un sens second, évident par ce que montrent les cent soixante-quinze pages de minutieuse recherche philologique, qu'il conduit en compagnie du lecteur, n'hésitant pas à confesser ses hésitations et les reprises qui ont pu s'imposer à mesure qu'il avançait. Ce sont là les points forts. Mais, toujours comme pour la première étude, c'est chaque chapitre qui lui donne l'occasion de corriger des mots mal compris, des phrases entières mal entendues, de redresser des intentions dénaturées. Quant à l'audace et la probité de la recherche, dont nous parlions pour la première étude, elles sont les mêmes, comme est la même sa totale indépendance, qui lui permet une liberté de langage se passant des ménagements d'usage. Nous ne saurions mieux faire que de citer Serge Bisarello, de l'Université de Louvain, qui concluait ainsi l'article consacré à « Rabelais Restitué : I-Pantagruel », dans « Les lettres romanes » (n° 1-2, tome 35) : « On peut espérer que cet ouvrage, essentiel pour la critique rabelaisienne, trouvera la première place dans toutes les bibliothèques d'étudiants ou d'amateurs cultivés désireux de mieux comprendre Rabelais ». Nous savons, nous, que l'ouvrage a pris place aussi dans la bibliothèque de bien des professeurs ; celui que donne aujourd'hui Marc Berlioz a toutes chances d'aller le rejoindre. Ainsi, aux Rabelaisants, universitaires ou non, les horizons que nous évoquions pour la première étude continuent de s'ouvrir.