Dans l'oeuvre d'Han Ryner (pseudonyme que prit Henri Ner),
Prenez-moi tous ! peut sembler quelque peu hybride.
L'auteur nous a accoutumés à de vastes évocations symboliques,
autour de personnages issus de l'Antiquité, surtout grecque, de
sages et de spirituels revisités par un stoïcien libertaire et poète.
Il est par ailleurs l'un de ceux qui créèrent cette école de science-fiction,
dans laquelle la science ne joue qu'un rôle secondaire et
de laquelle la magie est absente, la littérature de fiction étant
mise au profit de l'élaboration de mondes imaginaires délivrant
toujours un message quant au nôtre.
Prenez-moi tous ! participe de la seconde catégorie, comme il y va
d'une utopie, dont l'exigence de liberté s'avère vite un nouvel
esclavage. L'ouvrage participe aussi de la première, sous l'angle
d'une réflexion sur l'amour et tout ce qui l'entrave, sur l'aspect
négatif des préjugés sociaux et le totalitarisme que peut produire
la volonté d'harmoniser la liberté, comme toute réponse est
individuelle, et que seul le secret de chaque individu peut dire
ce qu'il en est de la vérité de chacun.
Allégorie de la découverte de soi, Prenez-moi tous ! est aussi le
récit d'une lente descente aux enfers, due à la négation de cette
singularité intime, ainsi qu'une méditation sur ce qui la
constitue et dont l'expression seule reste le propre des hommes
libres.
Le choix demeure alors d'un détachement absolu, permettant de
rester spectateur de sa propre existence (Orphée), ou d'un retrait
pouvant aller jusqu'à un choc frontal avec le monde (c'est
l'option d'un certain T. B.).
Les deux portes demeurent ouvertes...
Pierre-Yves Ruff.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.