Passeur d'avenir

Edmond Jouve, passeur d'avenir

Mémoires d'un Enfant de Nadaillac-de-Rouge

Pourquoi ce livre ? D'abord pour honorer une promesse. Après avoir publié mon roman Et viendront de nouvelles vendanges... j'avais annoncé qu'une suite serait donnée à ce livre, sous le titre Les cornouillers ont refleuri.

Vingt-cinq ans après, je tiens cet engagement, mais pas sous la forme prévue, qui devait être romancée. C'est ma propre histoire que je vais raconter. Que l'on se rassure : ma vie tient parfois du roman !

J'ai écrit ce livre pour une deuxième raison. En 2010, mes amis ont bien voulu m'offrir des Mélanges intitulés Vers un Monde nouveau. Ce monde nouveau approche à grand pas et donne quelques obligations aux survivants de l'Ancien monde et d'abord un devoir de mémoire.

Il faut peut-être dire ? il est encore temps ? ce qu'était « la vie d'avant ». Elle était certes plus dure, mais elle comportait sa part de douceur et de bonheur. Il n'est pas sûr que nous soyons gagnants sur tous les plans.

Je voudrais aussi témoigner sur l'École de la République dont je suis un produit.

Ces souvenirs, ces mémoires sont, en fin de compte, la saga d'un enfant d'une Ecole communale qui, arrivé au soir de sa vie, estime que l'Université a été une bonne mère et que son pays a fait ce qu'il devait. Merci à l'une et à l'autre.

Et maintenant, que dire de ma vie ? Peut-être que je suis un passeur d'avenir ! Bien des fois, j'ai tenté d'ouvrir des voies nouvelles pour préparer un monde meilleur pour le plus grand nombre. L'entreprise était risquée. Du moins ai-je essayé.

Jusqu'à l'âge de 10 à 12 ans, mon univers se limitait à Nadaillac, même si, ici où là, je pressentais l'existence d'un ailleurs qui pouvait me réserver bien des surprises.

À Gourdon (en 6e) et à Cahors (au lycée Gambetta), j'ai appris, en théorie, ce monde que, plus que jamais, je souhaitais m'approprier. C'est l'Ecole républicaine qui, pour l'essentiel, me donnera cette chance et m'ouvrira sur l'univers.

Dès que j'en ai eu la possibilité, je pris mon bâton de pèlerin et je partis à l'aventure.

Le palmarès, aujourd'hui est assez impressionnant et me surprend moi- même : j'ai rendu visite à quelque 128 pays et j'ai, au total, parcouru 11 fois la distance de la Terre à la Lune.

Finie la quiétude de Nadaillac ! Les chantiers que j'ai ouverts ont nécessité beaucoup d'énergie et une certaine abnégation mais ont eu l'avantage de me mettre en prise directe avec le Siècle. Ce fut une grande chance.

Arrivé au soir de ma vie, l'élève de l'École communale de Nadaillac se dit chaque jour que l'existence qu'il a menée est allée bien au-delà de ses rêves.

Cette aventure, je veux la partager avec vous. J'ai déployé beaucoup d'efforts pour y parvenir.