Lorsqu'il mourut le 30 novembre 1900, Oscar Wilde,
anéanti par deux années d'incarcération à la suite de sa
condamnation pour «outrage aux moeurs», n'existait
plus guère aux yeux du monde : cruel et étonnant destin
pour l'un des artistes les plus doués de son temps, broyé
par l'hypocrisie et la bonne conscience.
Doué, Wilde l'était assurément : poésie, roman, nouvelles
et contes, théâtre, essais critiques et journalisme, il n'est
guère de domaine auquel il n'apportât sa contribution
essentielle et novatrice. Rêveur des mots et magicien des
songes, maître des formes et ennemi des prétentions
gourmées et des médiocrités autosatisfaites, il a défendu
ses convictions et rompu des lances jusqu'à se briser
contre l'airain de l'ordre établi. Toujours admirable ?
Non pas. Mais vivant et tourmenté, délicieux et insolent,
généreux et partial dans ses appréciations, ses amours et
ses amitiés, selon que le vent fut bon ou mauvais. Oscar
Wilde ? Un écrivain de génie et un être de désir.
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