Le populisme n'est ni une idéologie politique ni un type de
régime. C'est un style politique, fondé sur le recours systématique
à l'appel au peuple. C'est parce qu'il est une forme vide, remplie
à sa manière par chaque leader, que le populisme peut être mis
au service d'objectifs antidémocratiques non moins que d'une
volonté de démocratisation. Telle est son ambiguïté : il oscille
entre une orientation autoritaire et antidémocratique, illustrée
naguère par le fascisme italien ou les populismes nationalistes
latino-américains, et une orientation hyperdémocratique.
Le populisme se reconnaît en outre à l'indétermination et au
syncrétisme de ses orientations. Au rejet de la classe politique
nationale il ajoute des ingrédients idéologiquement variables, à
base de libéralisme économique et de nationalisme ethnique, de
libre-échangisme et de protectionnisme, de xénophobie anti-immigrés
et de défense «chauvine» de l'État-providence, de rejet
des élites et de peurs identitaires.
Le leader populiste fait un usage particulier, exclusif et systématique
du principe de la souveraineté du peuple, à l'exercice duquel il
réduit la vie démocratique ; pour défendre sa propre cause, il fait
ostensiblement sienne la cause du peuple ; il est aussi ce tribun,
guide et sauveur du peuple, qui se présente comme un homme
providentiel et faiseur de miracles - ou d'avenirs radieux.
L'extension planétaire des mobilisations populistes, à dominante
protestataire ou identitaire, est un signe à déchiffrer et invite à
un effort de définition auquel se livre Pierre-André Taguieff, à
l'issue d'une enquête approfondie.
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