L'Idée russe serait-elle le fruit d'un «mal russe» dont la responsabilité incomberait à Pierre le Grand ? Selon l'expression de Frédéric II, il aurait agi sur son peuple «comme l'eau-forte sur le fer» en imposant une révolution des Lumières, à la fois autoritaire et émancipatrice, destructrice d'une spiritualité séculaire et créatrice d'un avenir incertain. A Moscou, vieille capitale détrônée par Saint-Pétersbourg, s'interrogent et s'affrontent, à propos de cet avenir et de leur identité perdue, des esprits indépendants, les aînés, des «amis de la sagesse», et les cadets, des «hégéliens». Par-delà le dilemme entre slavophilie et occidentalisme, entre renaissance spirituelle et civilisation, s'amorce une remise en cause radicale des acquis de deux siècles d'européanisation. Elle prendra un tournant décisif lorsqu'à des nobles éclairés, discrédités en tant qu'idéalistes et libéraux, succéderont des panslavistes, apôtres de l'Idée russe et des «hommes nouveaux» qui prêcheront la violence révolutionnaire.
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