Eidôlon
N° 131
Synonyme de rareté, d'exclusivité, de raffinement, le mot « exquis » paraît désuet de nos jours. Selon les langues, des termes équivalents lui sont souvent préférés. Désignent-ils pour autant une valeur périmée ?
Le jugement porté paraît par ailleurs autant d'ordre social qu'esthétique. Apprécier un objet (ou une attitude, une situation) en le qualifiant d'exquis, n'est-ce pas aussi revendiquer l'approbation de son jugement par autrui pour sa sélection et, par là, prétendre à une forme d'élection ?
Une approche à la fois diachronique (allant de l'Antiquité latine au XXIe siècle), interculturelle (franco-allemande) et interdisciplinaire a été adoptée dans cet ouvrage pour esquisser les linéaments d'une histoire où tout est encore à écrire. Quatre grands domaines ont été explorés : la langue, la musique, la littérature et la philosophie. Confrontée à ses marges, la notion d'exquis apparaît pour finir sinon paradoxale du moins ambiguë : dès ses origines et tout au long de l'histoire des arts et belles-lettres, l'exquis se voit associé à la décadence, la noirceur, l'artifice... et court le risque du mauvais goût et du vulgaire : y aurait-il une double nature de l'exquis ?
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