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Pourquoi les « Carillons sans joie » ? Parce que, ce jour-là — c’était à la Libération —, les cloches sonnèrent au-dessus d’une prison où un homme — le héros de ce livre — jeté dans une cellule par ses concitoyens, après avoir versé son sang pour la France, et sans rien avoir à se reprocher, se morfondait dans l’attente de la mort. Comme tous, il avait cultivé l’illusion, bien avant 1939. Il avait cru en la force française, en l’inviolabilité de la Ligne Maginot. Or, il connaît, pendant la Drôle de guerre, l’attente incertaine et déprimante à laquelle met fin le coup de tonnerre du 10 mai 1940. Et ce qu’il voit en Hollande, en Belgique, dans le nord de la France, et enfin à Dunkerque martyrisée, lui offre l’image plus amère de le vérité. Il était anglophile, tout en se persuadant que le soldat anglais n’était qu’un spécialiste des retraites. Et puis, avant même de connaître l’accueil enthousiaste du peuple britannique, il le voit, ce « tommie », tenir sa place courageusement, discipliné, alors qu’un vent de panique s’est déjà répandu parmi nous. Il pense, en revenant vers Brest, qu’il vient de vivre une manche perdue, et qu’il s’en va participer à une troisième « Marne » victorieuse. Après l’Exode, il salue l’Armistice avec soulagement. Il invective De Gaulle, tout d’abord ; puis il vient à lui. Il applaudit Pétain, la dernière chance française et, soldat de l’armée d’armistice, il comprend rapidement que la politique de collaboration, n’est qu’un leurre. Anglophile ? Il ressent douloureusement et rageusement les outrages de Mers-el-Kébir et de Syrie. Germanophobe ? Il se bat une fois de plus en Tunisie contre l’Allemand. Impitoyablement, il abat des Nazis. Blessé, ce sont deux de ces ennemis qui le sauvent. Américanophile ? Il doit ses blessures à l’imprudente action des premiers contingents U.S.A. qu’il rencontre. Les Allemands sont des adversaires héroïques et loyaux, pense-t-il après l’affaire de Tunisie. Il connaît, plus tard, les geôles de la Gestapo, leurs horreurs, leur inhumanité, leur terrible incertitude. C’est une nouvelle douche froide. Une chance inouïe lui rend la liberté. Il attend, il espère, il appelle, il applaudit l’armée libératrice. Enfin la France est libre, et tout va s’éclairer ! Malheureusement, il oublie que les rumeurs, qui colportent des futilités, sont dangereuses à l’heure d’un triomphe, que l’on transforme vite en règlement de comptes. Et il est emprisonné au titre de collaboration..., sur de simples présomptions ! Il échappe à la mort et, violemment dressé contre les « F.F.I. » qui l’ont emprisonné, il se voit délivré par un autre « F.F.I. », son frère. Officier dans la poche de Royan. Car les grands actes de l’histoire, comme ceux plus obscurs, mais plus constants, de la vie quotidienne, apportent la preuve que nul n’a jamais entièrement raison. Mais que l’aventure, elle, n’a jamais tort.