Le rapport d'Yves Bonnefoy poète avec le langage est un rapport
sanglant, une plaie toujours ouverte, le problème de la langue
n'ayant pas encore trouvé de baume. Parce qu'écrire un mot
relève bien d'une responsabilité intellectuelle et sémantique : cet acte
constitue pour lui un engagement concret. Il poursuit ainsi cette
honnêteté d'écriture qui suscite tant d'appréciations. Néanmoins, il est
impossible de mener à bien ce projet sans le langage : on risquerait de
passer à côté de la plupart des gens. Au lieu d'écouter, de partager, de
vivre, de goûter la poésie, les lecteurs contemporains s'efforcent de
comprendre. Bonnefoy a le courage d'affirmer que c'est la parole qu'il
faut rechercher, la présence qui est le signe de la plénitude, de l'harmonie,
de la médiation, qui essaie de recomposer l'unité. Son attention au mot,
au nom, à la musique, à la voix, à l'écriture, vise à aller au-delà de la
beauté poétique et donc artistique, esthétique. Sa vocation au simple
est aussi vocation à la simplicité d'expression, pour atteindre la pleine
jouissance du monde. Le langage serait alors la voie.
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