Loin d'être une science exacte, la gestion d'une société est en fait relativement
aléatoire et commande de prendre certains risques. En face, les associés et les tiers aspirent,
quant à eux, à davantage de sécurité et entendent limiter les risques encourus. Ces impératifs
contradictoires doivent nécessairement être pris en considération pour élaborer un régime de
responsabilité civile suffisamment équilibré. La recherche de cet équilibre concerne tant la
détermination des comportements condamnables des dirigeants sociaux, que les réponses
devant leur être apportées.
Au vu de leur nature, les fonctions dirigeantes commandent d'agir avec prudence,
diligence, compétence et de poursuivre l'intérêt social. Ces obligations se conçoivent par
rapport à une véritable déontologie professionnelle des dirigeants sociaux dont les contours
apparaissent progressivement. Même si ces règles générales de conduite, éventuellement
modulées, encadrent dans une certaine mesure l'activité des dirigeants, un balisage plus fin et
détaillé de leurs obligations paraît nécessaire. La meilleure prévisibilité des comportements
fautifs en dépend. L'application plus systématique par le juge de la distinction traditionnelle
entre les obligations de moyens et les obligations de résultat devrait également faciliter leur
caractérisation. La transgression d'une obligation de moyens devrait résulter de la seule
insuffisance des précautions prises par le dirigeant dans le cadre du processus de décision.
Quant aux réponses apportées aux éventuels manquements, elles supposent
également certains rééquilibrages. Une meilleure répartition des droits à réparation, d'une
part, et l'instauration de systèmes alternatifs à la seule indemnisation, d'autre part,
permettraient d'insuffler un nouvel équilibre à l'ensemble. S'agissant de la répartition des
droits à réparation, une conception moins stricte des préjudices individuels indemnisables
devrait être recherchée. Pour ce faire, la prise en compte de l'atteinte à l'intérêt divergent de
l'associé semble nécessaire. Quant aux tiers, ils devraient pouvoir engager la responsabilité
personnelle du dirigeant, en cas de dépassements des pouvoirs légaux ou bien lorsque le
comportement reproché s'accompagne de circonstances aggravantes.
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