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Voici, enfin, le roman du premier 1er Mai. Voici des foules ardentes, combatives, menacées et cependant joyeuses ; voici des êtres entraînés tout à la fois par leur passion et leur lucidité terrible ; voici l'étemel printemps et voici surtout mai, le mois-symbole par excellence. Pour les gens du Midi, il évoque un quartier de Marseille. Pour les gens du Nord, il fut synonyme de cruauté : le 1er mai 1891, à Fourmies, petite cité industrielle proche de Lille, la troupe faisait feu sur un pacifique défilé. Des femmes, des adolescentes, des enfants furent tués. Autre symbole : ainsi s'unissaient les deux extrémités de la France, puis toutes les régions de France, dans la grande sensibilité populaire. C'est précisément ce que vivent les personnages que l'on va rencontrer ici, et d'abord cette « belle » qui, toute à ses vingt ans, se croyait bien en dehors des réalités sans masque (la tragédie n'ayant de sens, pour elle, qu'au théâtre) et que les événements vont happer. Autour d'elle, avec elle, évolue une petite société fascinante et pittoresque qui a ses racines dans l'histoire incomparable du dix-neuvième siècle : le vieux Paris des insurrections, que rien, jamais, ne calme vraiment ; les souvenirs douloureux que les déportés rapportèrent de Nouvelle-Calédonie, le formidable élan des luttes prolétariennes qui, voyant se mobiliser contre elles les armées de toutes les nations, n'en feront pas moins du 1er mai, dans notre monde moderne, une date légendaire, en certains cas une épopée. Et ce sont ces foules, justement, c'est ce merveilleux portrait de jeune femme, c'est ce ton épique qui rendent si prenant un récit où la fiction et le réel vont ensemble, comme les individus, vers tant de métamorphoses.