«Nous sommes les uns et les autres des amants de l'identité,
qu'elle soit religieuse, nationale, linguistique, familiale, et bien
sûr singulière. Elle commande chez chacun, et quelle que soit
son appartenance, pour la vie et pour la mort, les mêmes effets.
Si elle incite au rassemblement - sous un même emblème
symbolique - elle est aussi celle qui a le pouvoir de nous
séparer : vis-à-vis de l'étranger certes, mais aussi dans le groupe
même, dans la famille, entre frères, entre interlocuteurs. Pour la
conforter, l'appui d'abord pris sur le semblable vire fatalement à
la concurrence, afin de décider de celui qui en serait le légitime
représentant. Ainsi vont les disputes et les guerres.
Les travaux contemporains éclairent suffisamment cette faiblesse
de l'animal humain qui ne trouve pas spontanément en lui le
savoir propre à décider de sa conduite et a besoin d'une conformité
réglée sur ses semblables et référée à une instance directrice qui,
même quand elle est laïque, telle la nation, est sacralisée.
Ainsi, une entame faite à l'identité - comme dans les échanges
qui se mondialisent aujourd'hui - est susceptible de virer à la
guerre. Au lieu qu'elle ne s'étende, nous invitons les hommes
et les femmes de bonne volonté à dire leur refus de vivre et de
mourir pour un effet du tribalisme.
Nous invitons les institutions de la recherche universitaire, de
la transmission des savoirs et de la culture à développer leurs
travaux sur les problèmes de l'identité et à faire converger leurs
résultats. Nous les invitons également à penser les changements
actuels et à trouver les réponses susceptibles de faire que chacun
puisse se trouver en paix avec son identité à lui. Nous appelons
aussi les institutions politiques et les acteurs de la société civile
à s'associer à cette démarche.»
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