Au début du XVIIIe siècle, Pierre le Grand fait surgir au bord de
la Baltique, loin de la vieille et sainte Moscou, une nouvelle capitale,
qui ouvre la Russie sur l'Europe. Désormais, l'oeuvre du tsar-réformateur
va se confondre avec le mythe de Saint-Pétersbourg,
ville du blasphème pour les uns, ville des Lumières pour les autres.
Mais pourquoi donc le fantôme du Fondateur revient-il hanter
l'aube du XXe siècle, défiant la modernité naissante ? «Nous vivions
au milieu d'un immense pays comme sur une île déserte», écrira
un témoin. Secoué par la révolution de 1905, Pétersbourg saura-t-il
résister à la levée de la Russie paysanne ? Rebaptisée Petrograd
en août 1914, arrachée de son ancrage européen, abandonnée
par le souverain, la capitale de Pierre verra-t-elle s'éteindre son
glorieux destin ?
Ewa Bérard explore les rapports entre Nicolas II et la ville, entre
la jeune bourgeoisie et les arts, entre le mythe et la modernisation
urbaine. C'est dans les rues de Saint-Pétersbourg et sur les quais de
la Neva que s'écrit l'histoire de la fin de l'Ancien Régime.
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