
Une dynamique du visuel
L'ondoyante vérité des Rougon-Macquart de Zola
Plongée dans un siècle à la fois très visuel et fortement suspicieux devant le visible, l'oeuvre romanesque zolienne porte les traces d'un réel envisagé comme fluctuant, éphémère, ondoyant. Cet ouvrage montre à quel point la vérité naturaliste est indissociable de l'idée de mouvement et de la notion de tempérament.
La lecture des Rougon-Macquart, privilégiant ici le biais visuel, permet d'être au plus près à la fois de la volatilité du monde, et de la subjectivité de tout savoir. Le roman zolien est un ressassement de la confrontation de l'humain à ces deux obstacles à l'atteinte d'une vérité absolue et permanente sur le monde.
Le naturalisme de l'auteur de Germinal se révèle l'aveu d'échec de toute aspiration au réalisme. La lecture de Zola à travers la lorgnette de la visualité montre un réel qui échappe à tout rêve d'oeuvre totale et exhaustive, à tout projet qui le déchiffre et qui l'ordonne. Le travailleur, écrivain, scientifique, ou peintre livrant une bataille au monde dont il fait partie, est défait par son immensité et par son effritement constant. Tout rêve de capture du visible est vain. Les stratégies d'enfermement, de mise à distance, de mise en ordre, sont sans cesse défiées par la débandade des éléments.
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