En 1833 paraît un roman, signé Horace Raisson. Ce texte est précédé d'une
préface sibylline qui semble annoncer que l'auteur de l'ouvrage est, en réalité,
Honoré de Balzac. En 1852, après la mort de Balzac, Raisson tente à nouveau de
faire passer Une blonde pour une oeuvre authentiquement balzacienne.
Dans le prolongement d'importantes études ayant mis en lumière les liens de
Balzac et d'Horace Raisson pendant leur commune jeunesse, Marie-Bénédicte
Diethelm a étudié l'histoire de ce roman, devenu introuvable, qui met en scène
plusieurs idées chères à l'auteur de La Comédie humaine. Elle retrace ici l'histoire
complexe de ce vrai-faux Balzac, en l'éclairant à l'aide de documents qui forment,
ici, un important dossier critique.
Cette enquête passionnante se penche sur les «entrepreneurs littéraires» de
la Restauration et de la monarchie de Juillet, dont l'intempérante activité contribue à
modifier la réception même du genre romanesque : «Le goût se transforme chaque
jour comme la mode, et certes il sera bientôt plus aisé de faire un lecteur pour un
livre, qu'un livre pour un lecteur». C'est du moins ce qu'affirme Raisson dans sa
Préface à Une blonde.
Transition ironique entre le XVIIIe et le XIXe siècle, entre une pauvreté
romanesque moralisante et des éclairs balzaciens, Une blonde est un entre-deux, qui
cherche à concilier les lecteurs des deux siècles. Sa préface ouvre la voie à une
réflexion a posteriori et tente de trouver à l'activité de romancier une justification
intellectuellement (et commercialement) pertinente. L'ensemble permet au lecteur
d'aujourd'hui d'affiner sa faculté de discernement littéraire, tout en contribuant à
exercer son sens critique.
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