Notre siècle, c'est en son adolescence, dans le premier
quart de sa course, qu'il nous aura donné, à nous Français,
le meilleur de la récolte. Et le meilleur témoin en est cette Nouvelle
Revue française où Gide et Valéry, Proust et Claudel, Martin du Gard
et Malraux manifestaient une multiple fécondité culturelle.
A cet extraordinaire orchestre de grands solistes, il fallait
un chef. C'est le plus jeune qui fut choisi. A trente-trois ans, à peine
revenu de la guerre, Jacques Rivière fut chargé non seulement de faire
jouer à l'unisson Claudel et Gide, Debussy, Stravinski et Cézanne, mais
d'ouvrir les voies nouvelles vers le surréalisme, le cubisme et la paix.
Jean Lacouture qui, avec le talent que l'on sait, s'était attaché
jusqu'ici à l'évocation biographique de gloires consacrées rend
cette fois justice à l'un des grands oubliés de la littérature contemporaine,
à un pionnier qui fut l'ami, le confident, le conseiller de
Proust et de Gide, de Claudel, de Mauriac et de Saint-John Perse,
l'un des «accoucheurs» de notre culture vivante.
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