
"On ne s'est pas tout de suite rendu compte que mon père
commençait à perdre la boule, parce qu'il avait toujours été une
sacrée tête de lard, comme il appelait tous ceux qui n'avaient pas
exactement les mêmes idées que lui. Mais l'hiver de ses quatre-vingt-dix
ans, il a démonté le chauffe-eau. Ça m'a mis la puce à l'oreille.
Un jour, je suis allée les voir ; ils habitaient à une centaine
de kilomètres, dans la maison où ils avaient toujours vécu. En fait,
la maison aurait dû être mon premier indice. Je la connaissais,
j'y avais grandi. Et c'était vraiment une maison `faite maison'.
Mon père l'avait construite autour de nous. Au début, on vivait
dans deux pièces, puis dans trois ; à la fin, il y en avait neuf, qui
partaient dans tous les sens, raccordées par des placards qui
servaient de passages, par des petits couloirs sombres et par
des escaliers tordus. Il ne s'est jamais lassé d'ajouter des pièces.
Quand j'étais gosse, je croyais qu'il avait créé le monde."
Imaginez une famille juive, pauvre, d'origine ukrainienne, dans
le Bronx des années 1940-1950. Des communistes irréductibles,
caractériels. Le père, un tyran domestique, les tantes un peu
"allumées". Les disputes, les secrets de famille, les bruits et les souvenirs
racontés au galop par la fille. Sans pudeur, avec impertinence, elle
nous raconte tout sur sa famille. On vit, on rit, on s'engueule, on
pleure. Amour et haine, tout est exagérément vrai. Une quintessence
de l'humour juif. On n'a qu'une envie, lire ce récit à haute voix
à ses voisins, morceau par morceau. C'est la vie réelle, acide
et douce que l'on mord à pleines dents.
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