Le propos fondamental du livre d'Alain Badiou est d'établir
que le noyau de toute philosophie compatible avec le marxisme
est une théorie du sujet. Mais laquelle ? Ni le sujet comme
conscience (thèse de Sartre), ni l'hypothèse du sujet «naturel»,
désirant ou substantiel, ne peuvent convenir. C'est du côté du
sujet clivé tel que Lacan - notre Hegel - en fait théorie, qu'il
faut chercher une issue. Alain Badiou trouve là de quoi
refondre, non pas le thème, forclos, d'un sujet de l'Histoire,
mais celui des sujets politiques.
L'opération ne se peut faire sans étendre le concept lacanien du
sujet, lié dès l'abord à deux types d'effets : l'occupation d'une
place vide d'un côté, l'excès sur cette place vide de l'autre.
Instrument de cette distinction : le couple algèbre/topologie.
Il en résulte que le réel, pensable - comme le fait Lacan - sous
le concept algébrique de l'objet cause, doit également être reçu
sous celui, topologique, de consistance : ontologie en partie
double.
Le coeur de la question est atteint quand entre en dialectique
avec la notion lacanienne du manque, la catégorie nouvelle de
destruction.
Qu'on ne s'attende pas à ne trouver ici qu'une discussion
de théories. Mallarmé y voisine abondamment avec Mao Tsétoung,
Hölderlin avec Hegel, et le théorème de Gödel avec
la situation des ouvriers immigrés.
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