«J'avançais avec la fièvre ; à chaque instant, je fermais
les yeux pour avoir cent fois le bonheur de les ouvrir
sur l'horizon où Rome grandissait à chacun de mes pas.
Aussi, Rome, qui voyait en moi son plus fervent adorateur,
me recevait dans toute sa magnificence ; elle me donnait
une de ces splendides journées qu'elle tient en réserve
pour ses amis, sous les ides orageuses de mars ; la lune se levait
sereine sur le mont Soracte ; le soleil s'inclinait, sans nuage,
à l'horizon maritime ; l'air était tiède, embaumé, transparent ;
un ciel pur faisait saillir les édifices lointains du Vatican
et du Janicule ; la majesté de la campagne entourait
la ville sacrée d'une auréole immense et lumineuse.»
Le feuilletoniste Joseph Méry (1797-1868), fort célèbre
en son temps et ami sincère des plus grands, arpente à
Rome toute la gamme des émotions. Comme le joueur
qu'il fut, il se jette à corps perdu dans le lyrisme
romantique, le quitte en un clin d'oeil pour l'ironie
voltairienne et nous offre un voyage drôle et généreux.
Texte extrait des Nuits italiennes
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