Poèmes sans papiers c'est la folie du grand écart, le
déséquilibre fatal et l'inconfort généralisé. Dans son recueil,
Facinet rie vert/jaune/rouge de son statut misérable - griot d'un
monde sans griot, où le souffle n'est qu'un vent que personne
n'entend sinon lorsqu'il émane des baveux reconnus d'utilités
publiques. Son rire est son pleur et les larmes sont ces vers qui
hésitent même à former des poèmes tant il a honte d'être coincé
«entre deux lettres». Du coup, le diagnostique tombe,
tranchant : l'auteur est victime de bouffées délirantes. Facinet
dit n'importe quoi. Réellement, il dit n'importe quoi mais parce
que n'importe quel mot lui sert à respirer tant qu'il y a un son
créé. Habitant d'un espace sans espace, camisole, il récite ses
incantations étranges comme ceux qui déambulent dans les
cours de nos prisons psychiatriques. L'art devient brutal.
Derrière ses airs de séducteur à la langue bien pendue, Facinet
vous brutalise en même temps qu'il se jette de violents coups
de poing en pleine face. Ses mots mitraillettes plombent vos
têtes bien faites et vous fendent le crâne jusqu'à répandre son
contenu oublié : des filets de conscience giclent soudain.
Jetons les papiers, que les mots ne soient plus que sonorité
rythmant le combat.
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