
Orwell n'a peut-être pas été ce prophète
que d'aucuns aimeraient voir en lui,
mais sa critique de la gauche offre toujours
une base à partir de laquelle repenser la
crise des gauches contemporaines.
L'honnêteté sans faille de cette critique,
la haine de tout ce qui prend l'apparence
du politique en éludant les vraies
questions ne nécessitent qu'un léger
ajustement aujourd'hui.
Ce qui mérite d'être ravivé, dans ce monde
mielleux de tolérance, de réforme modeste
et de gauche «propre sur elle», c'est la
colère qu'Orwell puisait dans sa haine de
l'indécence. La disparition des pauvres et
des parias du discours politique montre
que la gauche, au bout du compte, accepte
les distinctions de classe. Il nous faut
réapprendre auprès d'Orwell cette décence
qui naît de la colère : son indignation face
à l'état du monde, mais également face
aux excès des intellectuels de gauche, qui,
à bien des égards, ont l'indécence d'ignorer
le «peuple» et ses contradictions.
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