Des premières explosions futuristes et dadaïstes des années 1910 et 1920 aux nouvelles
formes théâtrales des années 2000, en passant par le Body Art des années 1970, l'histoire
de la performance semble toujours reposer sur les mêmes éléments fondamentaux :
la gestuelle, la parole, le corps, l'éphémère, les actions s'adressant à un public, etc. Ces
caractéristiques suffisent souvent à définir un genre qui a toujours refusé d'endosser les
formes esthétiques traditionnelles.
Cependant, l'histoire nous a laissé bien plus que les simple traces conservées par la
documentation de l'avant-garde et des événements Fluxus : les artistes créent aussi
parfois de véritables installations, dont le statut s'avére ambigu une fois l'action achevée,
ainsi que des objets «performantiels» qui peuvient être utilisés ou non lors d'une
performance.
Le présent livre, basé sur l'exposition éponyme dont les commissaires sont Eric
Mangion et Marie de Brugerolle, interroge la nature et la pertinence de ces objets au
regard des pratiques contemporaines. Le livre, qui réunit des textes des commissaires
ainsi que d'Arnaud Labelle-Rojoux, Patricia Brignone, Gérard Wajcman, Catherine Wood
et Julien Bismuth, documente les travaux d'artistes préoccupés par ces questions
depuis les années 1960 à nos jours. Il décrit également des «objets» créés par Richard
Jackson, Paul McCarthy, Roman Signer, Mike Kelley, Franz West, Jim Shaw et Guy de
Cointet dans le contexte de performances, ainsi que par John Bock, Spartacus Chetwynd,
Catherine Sullivan et Erwin Wurm. S'agit-il de reliques ou de fantômes qu'ils auraient
créés eux-mêmes ? Ces objets possèdent-ils le pouvoir de réactiver le contexte initial
de leur production ? Leur aspect hybride constitue-t-il une forme de résistance à la
standardisation de la création, ou cette hybridité demeure-t-elle simplement inhérente à
tout objet performantiel ?
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