
La période 1760-1860 est marquée en France par l'apparition des
premières formes d'une institutionnalisation de la géographie.
De nombreux débats animent alors les mondes académiques et
professionnels sur la nature et les fonctions sociales de la géographie.
Mais les savoirs auxquels renvoie la géographie durant toute cette
période se caractérisent par une grande diversité, et parfois par des
contradictions, du point de vue des formes qu'ils adoptent, des pratiques
dont ils sont l'expression, des intentions qui les animent, voire des
parcours individuels qui les portent.
En réalité ce sont des cultures géographiques différentes qui se
fréquentent, et s'affrontent parfois, au sein de ce qui est appelé
«la géographie». La diversité de ces cultures savantes apparaît dans
les objets étudiés, mais aussi dans les langages, les instruments, les
pratiques cognitives et sociales, voire dans les projets politiques où
la géographie est impliquée.
Comment, dès lors, la géographie a-t-elle mis en ordre les formes de
savoir qui la traversent ? Quelles ont été les cultures géographiques qui
se sont croisées à cette époque et comment peut-on les caractériser ?
Dans quels dispositifs épistémiques, mais aussi matériels et
institutionnels les pratiques géographiques se sont-elles rencontrées,
reconnues, ignorées, repoussées et mélangées ? Est-il possible
d'identifier divers modes de rationalité savante et divers types de savoirs
de l'espace, qui auraient coexisté au sein de la géographie moderne ?
Telles sont les questions qui sont au point de départ de ce livre, dans
une approche qui souhaite ne pas figer a priori l'image et la définition
de la géographie.
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