«Cherché dans mon journal de l'an dernier une trace de la mort de Nicole Vedrès, dont l'anniversaire, me semblait-il, tombait ces jours-ci. Rien. Pas une ligne sur une blessure qui ne se referme pas. Pudeur, inconscience ? Je ne m'explique pas mon silence. J'ai dû fouiller dans mes articles pour retrouver la date exacte, déjà passée : c'était le 20 novembre.
Et ce 21 je fêtais le prix Goncourt d'Edmonde, joyeusement, et le lendemain la trois-centième de Obaldia. Et personne ne m'a parlé d'elle, personne n'y a pensé, pas même moi. J'ai honte, et j'ai peur. Cet oubli, si rapide, c'est pire que la mort, c'est comme si nous étions tous déjà morts. Il suffit de penser qu'on sera oublié... C'est plus pénible à imaginer que le simple passage de vie à néant.»
Matthieu Galey, Journal 1953-1973, tome I, Grasset, 1987.
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