
À l'âge précoce de dix ans, Marc Aurèle (121-180 apr. J.-C.), déjà
héritier de l'Empire romain, consterna sa mère en lui annonçant
qu'il voulait être philosophe, en porter l'habit et coucher à même
le sol. Or, si l'aristocratie romaine voyait en cette tradition un
idéal humain, les penseurs stoïciens avaient eux presque toujours
combattu le pouvoir, parfois jusqu'à la mort... Pourtant, celui qui
devint en 138 le petit-fils adoptif d'Hadrien réussit à concilier
exercice du pouvoir et philosophie. L'auteur des Écrits pour lui-même,
sorte d'exercices spirituels, fut tout à la fois un homme de
paradoxes et un extraordinaire reflet du modèle romain. Sur le plan
religieux, bien que sa morale fût assez proche de celle des chrétiens,
il ne les comprit jamais, et c'est sous son règne que la jeune Blandine
fut jetée aux fauves dans l'amphithéâtre de Lyon. Sur le plan de la
justice, il veilla toujours à prendre les décisions les plus favorables
aux hommes, mais ne bouscula ni la hiérarchie sociale ni la place
des esclaves. En matière militaire, enfin, cet homme de paix se mua
en remarquable général en chef, commandant personnellement ses
armées, pour protéger Rome et le monde romain de l'intrusion de
peuples d'origine germanique ou asiatique (guerres danubiennes).
En définitive, l'empereur-philosophe, qui ne fut jamais un
simple théoricien, fut reconnu par ses sujets comme l'homme
d'État romain par excellence et hissé immédiatement après sa mort
au rang des dieux, même s'il avait choisi pour lui succéder un fils,
Commode, qu'il savait indigne.
Une biographie enlevée et brillante qui tente de sonder
l'immense personnalité d'un grand Romain.
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