
Comme l'a noté, d'entrée de jeu, Henri Godard dans sa préface,
le colloque de Ziguinchor vient combler un manque. Pour la première
fois, en terre africaine, un ensemble de réflexions est consacré à celui
qui avait la double qualité de créateur (écrivain et amateur d'art) et
d'homme politique (militant de parti, ministre et conseiller du prince).
Ce colloque a été aussi l'occasion de réunir, pour la première fois,
des chercheurs africains et des chercheurs européens qui décident de
renouer un dialogue autour de l'une des figures les plus importantes
de l'histoire et de l'histoire littéraire de l'Afrique et de l'Europe, loin
de toute arrière-pensée (ou récrimination) politique. Gageons que
ces assises, il y a quelque temps encore, n'auraient pas pu se tenir tant
étaient fortes encore les pesanteurs d'une certaine France-Afrique,
ou bien ouvertes et encore béantes les cicatrices des relations franco-africaines
agitées.
La qualité de tous ces participants est d'avoir fait abstraction de ces
considérations historiques et mémorielles qui, sans être inutiles en soi,
pouvaient paraître préjudiciables à l'intérêt de ce colloque.
Sans être donc aussi initiale que le fut l'Asie dans le parcours, l'oeuvre
romanesque et la pensée sur l'art de Malraux, l'Afrique ne représente
pas moins une dimension primordiale de son action et de son discours,
en raison précisément du contexte de la décolonisation où ils prennent
place et qui leur donne sens.
À travers cette publication, la nouvelle université de Ziguinchor, en
Casamance, renoue avec l'une des ambitions des fondateurs de la revue
Présence Africaine qui était d'approcher l'Afrique, quelles que soient les
circonstances et quel que soit le sujet, par une pensée rationnelle, loin
de toute morgue et de toute revanche.
Romuald Fonkoua
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