« Une surprise, voilà ce que furent d'abord les deux livres ici réunis. Pourquoi ? Parce que, dès les trois premiers vers, l'attention fut mise en éveil par le rapprochement insolite d'un mot abstrait : " l'impensé " et d'un mot concret : " couteaux ", l'un à l'autre liés par le verbe actif " aiguiser ". Qu'une notion aussi conceptuelle puisse brusquement changer de nature et se donner à comprendre dans un geste connu de tous, c'est l'éclaircie qui s'opère en quelques mots.
Une expérience fondamentale est en cours, qui se développe de poème en poème parce qu'elle a trouvé là son lieu, et qui se cherche à travers son expression. On pressent que Philippe Bonzon s'y expose assez entièrement pour en recevoir tous les éclats et les répercuter le plus littéralement possible à coups de mots. Dans quel but ? Celui peut-être d'inventer une sorte de résistance métaphysique qui, de l'affrontement avec la déréliction et le rien, tire une énergie à laquelle suffit comme finalité sa crudité sans illusions... »
Bernard Noël
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