Le cèdre est un arbre connu pour fournir un bois ligneux, rigide,
et peu sensible aux intempéries. C'est aussi le symbole national du
Liban. Libanais, Samir Geagea l'est par la naissance, par la tête et par
les tripes. Jeune combattant, puis chef de guerre redouté pendant la
guerre civile qui a ravagé son pays de 1975 à 1990, il défend alors
avec âpreté, à la tête des Forces libanaises, le «réduit chrétien»
menacé de liquidation et s'oppose à toute forme de vassalisation de
son pays. Arrêté à la fin des hostilités et condamné à mort par un
tribunal inféodé à l'occupant syrien pour des crimes qu'il démontre
n'avoir pas commis, il croupit onze ans dans une geôle de 6 m2 au
troisième sous-sol du ministère de la Défense à Beyrouth. Onze
années passées à lire, à réfléchir, à prier et à effectuer un travail
en profondeur sur lui-même. C'est un homme métamorphosé qui
sort de prison en 2005 : le guerrier s'est transformé en homme
politique, le chef de bande à la réputation sulfureuse en intellectuel.
Rescapé de la vague d'assassinats qui a emporté en trente ans
nombre de partisans de la souveraineté libanaise, de Bachir
Gemayel à Rafiq Hariri, il peut prétendre incarner mieux que
quiconque l'idée d'indépendance nationale, car c'est un principe
sur lequel il est aujourd'hui l'un des rares responsables politiques
libanais à n'avoir jamais transigé. Depuis son quartier général dans
le Mont Liban où il vit reclus par crainte - encore ! - des tentatives
d'assassinat, Samir Geagea prêche désormais l'unité et le dialogue
entre les communautés dans le cadre de l'«Alliance du 14 mars».
Le guerrier, le réprouvé, le sage ; Samir Geagea aura vécu trois
vies, en attendant peut-être, enfin, une quatrième : celle d'homme
d'État ?
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.