
Marx et avec lui la majorité du mouvement ouvrier révolutionnaire
ne se sont pas interrogés sur les origines du
mouvement de la valeur dans les sociétés étatisées. Leur
point de départ est la société capitaliste, dans laquelle
l'accroissement de la richesse est fondé sur l'exploitation
de la force de travail de la classe productive. Cette théorie
de la valeur-travail n'a pas été sérieusement ébranlée par
le mouvement communiste des années 1917-23, car ses
interrogations sur les «bons de travail» et la période de
transition se situent à l'intérieur du même cadre théorique
que celui de Marx et de la Deuxième Internationale.
Il faudra attendre les restructurations du capitalisme
engendrées par le second assaut révolutionnaire, celui de
la fin des années 60, pour que se manifestent des critiques
envers une conception de la révolution comme affirmation
de la classe du travail.
Se situant dans la lignée de la pensée critique d'Adorno
et Horkheimer, mais également influencés par l'internationale
situationniste (A.Jappe, Guy Debord), les individus rassemblés
autour de la revue Krisis situent le coeur de l'aliénation
contemporaine dans le «fétichisme de la marchandise»
(A.Jappe, Les aventures de la marchandise) qui étend sa
domination à toutes les sphères de la vie quotidienne. Pour
ces auteurs, l'ennemi principal c'est «la société du travail»
(Groupe Krisis, Manifeste contre le travail).
Ce livre questionne les fondements théoriques de Krisis :
le travail abstrait comme substance de la valeur, le travail
humain comme malédiction, une conception aristocratique
de la critique du travail. Il expose ainsi les conséquences
politiques d'une analyse des transformations contemporaines
du capitalisme qui adopte un point de vue objectiviste
(le capital automate, la valeur comme sujet) et comprend
les luttes du prolétariat révolutionnaire (1848-1975) comme
une simple composante de la dynamique du capital.
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