À cinq ans, Françoise Marette, dite «Vava», est déjà une épistolière. Depuis
Deauville où elle passe ses vacances en compagnie de ses frères et soeur,
et Mademoiselle sa gouvernante, elle reçoit des lettres de sa famille
auxquelles elle répond avec vivacité et cocasserie. Jours tranquilles, très
vite obscurcis par la guerre qui emporte un de ses correspondants,
l'oncle Pierre, son jeune parrain, avec qui elle se croit «fienser» et qui,
en mourant, la laisse «veuve de guerre» à huit ans. Plus tard, la mort
de Jacqueline, la soeur aînée, plonge la mère dans un deuil impossible
qui la rend «injuste avec son autre fille», lui ravissant ainsi «dix ans
de jeunesse».
Les lettres se font alors l'écho du combat mené par la jeune fille qui se
cherche, s'oppose, se construit, avec l'énergie, la clairvoyance que nous lui
connaîtrons, rompant des fiançailles convenues, s'accrochant à des études
de médecine «visées depuis l'enfance», entreprenant une analyse,
et se retrouvant, comme elle l'écrit à son père, le soutien de toujours, dans
une longue lettre qui fait le bilan d'une jeunesse, «pas du tout "fofolle",
pas du tout "aigrie", "pas putain", "pas intellectuelle", pas laide non plus
et pourtant pas mariée (...), femme qui te fait honneur - tout autant qu'à
ma mère (...) femme à trente ans et prête à donner ma vie comme on
donne un cadeau».
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