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Sous-développement, dominantes pathologiques, pratiques et perspectives médicales. Avec des études sur le SIDA, le vaudou et la médecine traditionnelle, ainsi que sur la zombification
Depuis l’Indépendance, en janvier 1804, il y a donc 180 ans, la classe dirigeante d’Haïti n’a manifesté aucune volonté de rupture politique, économique et sociale avec le passé colonial et, ce faisant, a laissé le pays s’enliser dans ce qu’il est permis d’appeler le mal développement. Ainsi, le peuple haïtien est sans cesse confronté à des conditions de vie infrahumaines - 75 % de la population, en 1982, vivaient dans une pauvreté absolue - qui ont, en particulier, de terribles conséquences sur la santé des individus. La malnutrition chronique, la misère physique et morale, des conditions de vie et d’hygiène déplorables, la tuberculose, le paludisme, les parasitoses intestinales, pour ne citer que les principales maladies, favorisent peu à peu la déchéance physiologique d’une large part de la population. Après avoir étudié les diverses pathologies qui atteignent les Haïtiens et en font, selon lui, une population foncièrement malade, le Docteur Saint-Gérard dresse un bilan de la situation médicale critique d’Haïti. Il n’oublie pas d’étudier aussi la médecine et les médecins traditionnels, et nous livre à ce propos des pages remarquables sur le vaudou, qu’il considère comme « un des piliers du régime féodalo-colonial haïtien », et sur le phénomène zombi. Étudiant ensuite longuement le SIDA, dont Haïti a paru à beaucoup comme un foyer majeur, le Docteur Saint-Gérard développe le thème selon lequel, au delà des cas de « véritable » SIDA, qui seraient le salaire d’une prostitution masculine, il existe probablement une « entité » d’immuno-déficience induite ou provoquée par l’état pathologique chronique, déplorable, de larges couches de population. En d’autres termes, le SIDA-« nouvelle maladie » masquerait d’autres formes d’immuno-dépression acquise. Et l’auteur en profite pour démonter — et dénoncer — l’exploitation raciste qui a été faite, en divers lieux, de cette assimilation Haïti = SIDA. Enfin, le Docteur Saint-Gérard développe un projet très cohérent et très complet, pour une conception nouvelle de la médecine en Haïti, faisant une large place à la médecine préventive, au développement de l’hygiène, et à l’amélioration de l’alimentation. Il pense cependant, que la réalisation de ce projet est étroitement conditionnée par une nécessaire modification des réalités socio-économiques et politiques. Selon lui, la santé se définissant comme « un état de bien-être à la fois physique, moral, et social », il ne saurait y avoir de politique nouvelle, dans le domaine de la santé en Haïti, si l’un des trois aspects de ce bien-être était négligé. Or, sans illusion, le Docteur Saint-Gérard ne pense pas que la classe politique traditionnelle - plus particulièrement la dynastie duvaliériste et ses Tontons-Macoutes, qui contribuent à zombifier les Haïtiens - puisse améliorer les conditions de vie en Haïti.