
Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles représentent l'âge d'or des «philosophes de
la vie». «C'en est fini de toute cohésion», pressent non sans angoisse John
Donne. De fait, la «cosmographie théologique», le «théâtre de l'univers»
perdent leur prestige devant le «spectacle du monde» et le «petit monde»
de l'homme, toujours explorés plus avant grâce aux progrès dans toutes les
sciences, de l'astronomie à l'anatomie. À bien des égards, des «scrutateurs»
comme Montaigne, Gracián, La Fontaine et les esprits de cette famille jusqu'à
Nietzsche au moins, sont les précurseurs des existentialistes, les promoteurs du
saisissant fragment littéraire, si bien accordé aux temps modernes.
Ceux que l'usage désigne de moralistes et que Montaigne, plus profondément,
nomme les «spectateurs de la vie» observent avec une exceptionnelle acuité
le retour de la «sagesse humaine» du «ciel [...] vers l'homme». Leur «lieu»
n'est plus en surplomb, mais en retrait. C'est, comme le voudra Chamfort,
par rapport au «théâtre du monde», la loge ; par rapport à la nature et à la
condition humaines, c'est le cabinet d'étude du «naturaliste».
Placée non moins directement sous le patronage du Nietzsche de la Généalogie
de la morale, la présente enquête reconstitue, dans une perspective résolument
européenne et interdisciplinaire, la genèse du regard sur l'homme en son
théâtre qui est au principe de toutes les «sciences humaines» de notre temps.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.