En Sologne, à l'orée du 20e siècle, on vend encore ses bras pour vivre
chichement. Le petit peuple des bûcherons et charbonniers, payé
à la tâche, vit dans la hantise des jours de chômage, quand la glace
ou la neige figent les coupes et bloquent le travail. Un petit peuple
encore soumis à la loi des puissants, qui paient mal et punissent le
braconnage, sacrilège suprême dans un monde où la propriété est
symbole de vertu.
C'est celui d'Augustin, petit garçon né en 1897, à Hauterère... Un
monde qu'il va bientôt découvrir sous ses aspects les plus noirs, après
la mort de son père, aimé et admiré, victime précoce d'un labeur qui
rabote les corps et use les âmes. Et quand on est veuve et mère,
il n'est d'autre recours que de "placer" son enfant dans une ferme,
pour qu'au moins, il mange à sa faim. Augustin va faire l'apprentissage
des brimades, de la bassesse, de l'humanité aussi, au contact
d'un commis de ferme ou d'une tante. Affamé de savoir et pourtant
privé d'école, il va devoir grandir, vite, trop vite, pour faire sa place
dans cette Belle époque qui ne l'était que pour les plus privilégiés.
Jusqu'aux grondements de la Grande guerre.
Ce nouveau roman d'Alain Rafesthain, plein d'une émotion contenue,
est aussi un vrai documentaire. Il nous plonge dans un "hier" désormais très
exotique, mais où, en réalité, le travail bornait l'horizon des hommes dans
une nature qui pouvait se révéler aussi rude que généreuse.
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