Ma proximité avec le champ anthropologique du groupe, mes incursions
géographiques dans les communautés arméniennes de la
diaspora, mes pratiques d'entretien et d'observation donnant lieu à des
rencontres fabuleuses ont fortifié la certitude d'une connaissance enfouie
en attente d'un "dire", d'une transmission espérée d'un savoir sensible.
Ces faisceaux d'histoires orales recueillies dans la longue durée déploient
un paysage d'une intériorité tourmentée sous bien des aspects, que l'on ne
peut imaginer si l'on s'applique au strict exercice monographique.
Ici, les récits de nos vies encombrées d'impératifs et d'injonctions de
nos parents à la voix étranglée, exilés de l'extrême ou orphelins, ont tenté
de délier des mouvements narratifs comme autant de voix prolongeant
les corps.
Le collectif ne fut pas une visée, surtout pas, mais une référence
déchirée, turbulente à apprivoiser, à rendre aimable compte tenu du
démantèlement violent dont il a été la cible avec le génocide de 1915.
La chorale a surgi à travers une relation de confiance qui s'est tressée
grâce au temps. Nous ne voulions rien d'autre qu'être là dans l'échange
et retrouver nos gestes, nos mots, nos allégresses dans les écorchures
de mémoire Être là, dans cette histoire arménienne inimaginable qui
nous a submergés et qui a brisé nos capacités à nous confronter entre
nous, tranquillement, à concevoir un futur possible sans le poids de la
menace. Il fallait parler de nos peurs et de nos terreurs intériorisées et
dégager un passage possible vers l'idée d'un chemin "à soi", malgré nos
hantises des corps entassés, des corps-fantômes, se frayer un passage et
permettre de nous caler dans le temps présent.
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