
La question dite ethnique est apparemment au coeur de toutes les
crises en Afrique : le Rwanda en 1994, la Côte d'Ivoire, le Congo ou le
Burundi aujourd'hui. Pourtant la définition de ce qu'on appelait autrefois
«les races» ou «les tribus» reste le plus souvent floue, énigmatique
ou contradictoire. Autant les «ethnies» reviennent comme des
évidences dans les médias, autant les historiens et les autres chercheurs
en sciences sociales ont multiplié les remises en cause de ce concept et
surtout de son utilisation rigide dans l'africanisme classique.
Les trente études réunies ici analysent les dynamiques historiques
qui ont forgé les consciences ethniques comme toutes les autres «communautés
imaginées». La complexité des constructions collectives,
sociales et politiques propres à chaque région d'Afrique a été artificiellement
simplifiée et figée dans les lectures et les pratiques coloniales
qui ont souvent été intériorisées bon gré mal gré par les colonisés eux-mêmes.
Les dernières décennies ont été marquées par des sortes de
résurgences de ce passé, correspondant en fait à des stratégies politiques
et à des montages idéologiques très actuels. La conscience et la mobilisation
ethniques, proches en cela du mouvement des nationalités dans
l'Europe du XIXe siècle, sont profondément impliquées par les enjeux
politiques et sociaux des États contemporains.
Chaque situation demande donc un décryptage de l'ethnicité concernée,
entre les héritages culturels d'un passé parfois très ancien, le legs de l'emprise
coloniale et les adhésions ou les manipulations du temps présent.
Dans la fièvre des affirmations identitaires actuelles et le réveil d'une
ethnicité à l'échelle planétaire, les «ethnies» africaines n'échappent pas
aux tentations de l'ethnisme. Les cas étudiés dans ce livre par un groupe
d'historiens européens et africains méritent toujours d'être médités.
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