Les cinq cahiers d'Habiba

Les cinq cahiers d'Habiba

Moi aussi je peux écrire. Je veux dire écrire pour de vrai, sortir des mots plus noirs et brûlants que la lave d'un volcan, des phrases qui s'écouleraient comme ça, tranquillement, lentement, pour allumer un gigantesque incendie dans la tête des gens. Ecrivain-pyromane. C'est ça que j'aurais dû faire. C'est ça que je vais faire.

Ces mots sont ceux d'Habiba, une femme d'une cinquantaine d'années que la vie a malmenée et qui travaille comme dame de service dans une école. Cette modeste employée qui ne parle jamais d'elle et de son passé va, un jour de rage, se mettre à écrire, à se raconter dans des cahiers d'écolier. C'est une opération des pieds qui va déclencher ce bouillonnement intérieur et faire remonter un flot de souvenirs qui la submerge et la pousse à se cloîtrer dans son studio. Habiba se retrouve alors seule avec ses pieds, deux pieds déformés qui deviennent ses confidents, à l'image de ses cahiers. Cinq cahiers de couleurs différentes qui vont du noir au bleu, des couleurs qui sont autant de chapitres de la vie d'Habiba.

Une vie marquée par le décès brutal de ses parents et son placement en foyer où elle rencontre Priska, une enfant maltraitée qu'elle va dans un élan irrépressible considérer comme sa soeur, sa fille, son unique famille. Cette relation complexe et fusionnelle sera au coeur du journal d'Habiba qui va au fil de l'écriture de ses cahiers se révéler être une véritable conteuse. Une raconteuse d'histoires qui porte un regard sensible et aiguisé sur la société, une femme au tempérament flamboyant qui se remet à vivre, à aimer, sortir et marcher.