Personne n'a si finement ni si longuement écrit
sur l'art de donner, de recevoir, ou de rendre.
Rédigé à Rome sous le règne de Néron, ce traité
promeut une conception de la bienfaisance qui,
tout en prenant appui sur le «clientélisme» romain, le
critique et le dépasse. Sénèque nous enjoint de donner sans
hésiter, et surtout sans faire sentir notre supériorité à nos
obligés, ni attendre leur gratitude.
Au fur et à mesure que Sénèque avance dans la rédaction de
son traité, la gravité s'accroît. On sent de plus en plus l'ombre
du sanglant tyran jamais nommé, et la mort
elle-même - mort de soi et mort de l'univers -
plane sur cette oeuvre grave. Si les premiers livres
semblent croire encore à une société où les nantis
aideraient les plus démunis, les derniers, en revanche, montrent
qu'une telle société n'est qu'utopie, et que Rome elle-même, la
Cité s'il en fut, est pourrie jusque dans ses fondements. Au
dernier livre, l'éclatante diatribe contre les richesses de la terre
en dit assez sur cette évolution.
La traduction nouvelle d'Aude Matignon, élégante et précise,
confère à ce traité des derniers moments une gravité et une
force étonnantes.
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