Entre littérature et dictature, aucun compromis ne paraît possible.
Des préjugés fascistes sur l'art dégénéré aux implacables exclusions
staliniennes, le pouvoir totalitaire a toujours été soucieux de contenir,
d'intriguer, de réprimer la vie littéraire considérée comme dangereuse,
voire comme subversive. La cause semblerait entendue :
l'écrivain serait l'ennemi naturel du dictateur.
Pourtant à y regarder de plus près - que ce soit dans l'enfer du
camp nazi ou dans la désespérance du goulag soviétique - s'impose
une constatation dérangeante : l'oppression constitue bien
souvent l'aiguillon même qui pousse à écrire. Non que poètes et
romanciers cautionnent la terreur, loin de là, mais leur parole
surgit en réaction aux diktats, aux mots d'ordre, aux comportements
convenus, imposés, pour affirmer leur liberté et assurer la
survie des êtres menacés.
S'appuyant sur des auteurs aussi variés que Koestler, Semprun,
Zweig, Levi, Kadaré, Mimouni, et nombre d'autres de diverses
nationalités, Luc Rasson montre que, par leurs témoignages comme
par leurs fictions, les écrivains du XXe siècle, confrontés au mal et à
la violence inouïe de l'Histoire, ont su faire entendre leurs voix :
celles de l'homme cherchant à comprendre le monstre chez l'autre,
mais aussi au plus profond de lui-même...
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