
Le projet d'autonomie énergétique défie un ordre centenaire : celui du
modèle industriel des grands réseaux qui, à l'échelle des villes ou de vastes
territoires, a constitué le mode de production dominant de nombreux
services - eau, assainissement, énergie -, marginalisant les solutions décentralisées.
À l'heure des appels en faveur de la transition énergétique, ce
macro-système technique unifié chancelle. Un nouvel imaginaire d'infrastructure
se constitue au sein duquel le monde de l'architecture se saisit de
la question énergétique, imaginant des machines habitables autonomes, des
cités auto-énergétiques, des éco-infrastructures ou de micro-réseaux...
Que veulent les protagonistes de la déconnexion ? Dès les origines, ils
nourrissent deux ambitions : se couper de l'emprise des grandes infrastructures
et, par l'intermédiaire d'un système de services intégré au bâti,
garantir un confort minimum en eau, en électricité et en chaleur. Parmi
les figures de proue l'on distingue des personnages oubliés et d'autres
autrement célèbres, comme John Adolphus Etzler avec son système mécanique
autonome de 1841 ou Thomas Edison et sa maison électriquement
autonome de 1912. Le mouvement de l'autonomie énergétique n'arrive
pourtant à maturité sur le plan international qu'après le choc pétrolier de
1973. Impulsée par la contre-culture américaine, l'autonomie se propage
géographiquement et s'institutionnalise, passant de l'unité domestique à la
ville, au territoire. La maison autonome d'Alexander Pike ou la cité auto-énergétique
de Georges Alexandroff attestent de la puissance de cette tendance,
qui conjugue virtuosité technique et projet économique, politique,
social et environnemental. Tous annoncent les débats d'aujourd'hui, que
cet ouvrage éclaire de par son approche historique.
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