Le Pourra, étang maudit

Peut-on concilier «histoire» et «fiction» ? C'est
ce qui est tenté ici. En effet, ce conte se fonde sur des
événements réels, mais modifiés, toutefois, au gré de
l'inspiration. Ils ont eu pour théâtre une contrée que nous
connaissons bien et pour acteurs ceux qui nous ont
précédés dans ce village. C'est à la gloire de ces humbles
gens de la terre du XIX° siècle et, également, de notre
oncle maternel, Louis Joly (1900-1975), qui connaissait
encore, vers 1960-65, le «cri de guerre ou de ralliement»
de la communauté villageoise en lutte contre la Fabrique
chimique du Plan d'Aren et ne se privait pas de le rappeler
(«Rajo et rajara, o la testo saùtara enca... L'eau du
Pourra coule et coulera dans Engrenier ou la digue sautera
encore»), de Baptistin Audibert (1877-1964), auteur du
conte «Les amours impossibles d'Estelle et de Jean-Baptiste»,
et, enfin de Charles Rostaing (1904-1999),
Professeur honoraire de langues romanes à la Sorbonne,
qui avait le projet d'écrire un drame en langue provençale
sur l'affaire du Pourra, tous les trois et, sans doute, bien
d'autres, mémoires vivantes de la vie d'autrefois, que nous
dédions ce modeste témoignage de notre profond amour de
la terre natale, cette Provence si chère à notre coeur, ce
Saint-Mitre de notre enfance, sorte de «fe de nostre
vido... espoir de notre existence». Qu'ils sachent tous que
leur combat n'a pas été vain et que leur souvenir est resté
gravé en nous. Honneur aux humbles pots de terre qui ont
eu l'audace et le courage de résister au monumental pot de
fer et de le vaincre !