Les journalistes agacent. Touche-à-tout insaisissables, on ne sait
guère ce qu'ils font, comment ils produisent, où ils se situent,
à quelle catégorie les rapporter : ils semblent inclassables. Leur
profession ? Comment savoir où elle débute et où elle finit : on
ne lui connaît aucune limite précise. Leur professionnalisme ? Les
discours véhéments sur la déontologie, la compétence technique,
ou l'organisation du groupe, colmatent sans espoir une
rare imprécision des procédures de production et un quasi-vide
de structuration collective.
Est-ce un défaut ? Bien au contraire, répond l'auteur. Plongeant
dans l'histoire du groupe pour en raconter les efforts d'organisation
aux XIXe et XXe siècles, et observant de près leurs manières
actuelles de travailler, l'auteur explique que les journalistes ont
ceci de particulier qu'ils sont nés et se reproduisent dans un
espace social et laborieux nécessairement imprécis. Le flou, qui
imprègne leur réalité entière, n'est pas le signe d'un dysfonctionnement
passager : il est constitutif, et productif. Le
journalisme n'existe que par les espaces frontières qu'il dispute
à de nombreux champs intellectuels : connaissance, art, spectacle,
science, dont il emprunte et mélange les modes de
production.
Le professionnalisme du flou n'est pas une formule péjorative.
Au contraire, elle exprime les caractères dynamiques, parce que
fluides et métissés, d'une identité professionnelle hors du
commun.
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