
Bien que leur armée ait été l'une des meilleures de l'Antiquité, les Romains
attribuaient moins leurs succès à l'excellence de leurs armes qu'à leur
piété envers les dieux. Cette conviction était partagée par les soldats
eux-mêmes, comme en témoignent sous l'Empire les centaines d'inscriptions
religieuses élevées dans des camps militaires qui nous sont parvenues. L'essor
de ces dédicaces est lié au développement, entre le Ier et le IIIe siècle apr. J.-C., de
camps permanents. Volontiers comparés à de véritables villes, ceux-ci possédaient
un centre religieux, des locaux administratifs, des cantonnements, un hôpital ou
encore un amphithéâtre, qui tous étaient susceptibles de recevoir des inscriptions.
L'ouvrage de Christophe Schmidt Heidenreich réunit pour la première fois les
dédicaces des camps dans un catalogue exhaustif et les replace dans leur contexte
d'origine. Il fait ainsi apparaître un monde foisonnant, à l'image des multiples
activités de l'armée : plus de 70 divinités apportaient aide et protection à tous
les habitants du camp, du simple soldat au commandant de légion, pour autant
qu'une communication harmonieuse entre dieux et hommes fût garantie. C'est à
cette tâche que s'attelèrent les autorités militaires qui concilièrent les impératifs
du service et la dévotion aux dieux, tout en évitant de bouleverser les hiérarchies
humaine et divine. Cette politique permit l'épanouissement d'une riche culture
épigraphique, expression d'une piété militaire dont le dynamisme ne s'essouffla
qu'avec la crise du IIIe siècle, prélude à la christianisation de l'époque tardive.
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