
Scandalisés par l'idiot du village, le maire de Chester et
son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les
deux hommes l'enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au
bout de trois jours, l'idiot se remet à crier du fond de sa fosse.
«Un village comme ici c'est pas une place pour les intrigues»,
mettent en garde les habitants de Chester. Dès les premières
pages du Discours sur la tombe de l'idiot, le lecteur
connaît tous les éléments du crime qui vient troubler ce village
sans histoire. L'intrigue policière ainsi jugulée, le roman repose
principalement sur le génie de l'accusation et du leurre, c'est-à-dire
sur les efforts déployés par le maire afin de désigner un
coupable et ce, tout en s'assurant le silence de son complice
qui menace de s'effondrer sous le poids du remords. Parmi les
divers lièvres lancés afin de faire diversion se trouve le coupable
idéal - Paul Barabé, un nouvel ouvrier venu se refaire à la
campagne dont l'arrivée à la ferme des Fouquet coïncide avec
la disparition de l'idiot et une autre sinistre découverte.
Si le roman possède une «essence policière» incontestable,
il s'agit d'abord et avant tout d'un roman de la culpabilité.
Tout en s'attachant au sort de Paul Barabé, le récit présente
l'histoire de Chester «saisie du dedans» : une histoire commune
non pas appréhendée dans la perspective rassurante des intentions
et des actes, mais une histoire se rapportant plutôt aux
faits principaux qui accablent ce village sans idiot. Ses tableaux
consécutifs adoptent le mode vertigineux de la rumeur : leur
cohérence surgit du désordre et de la fulgurance des images ;
leur logique interne place les villageois de Chester sous une
lumière inquiétante. Comme si le narrateur lui-même ne pouvait
se résoudre à faire du maire et de son adjoint les seuls coupables
de leur crime.
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