«Le cours de ta vie en un discours» : ainsi Baltasar
Gracián (1601-1658) définit-il dans sa note «Au lecteur» son
roman, «l'incomparable Criticon» selon Schopenhauer.
Allégorie du voyage de la vie en quatre saisons, ce premier
roman européen d'apprentissage, dont nous donnons ici la substantifique
moëlle, présente «deux pèlerins de la vie» parcourant
l'Europe à la recherche de la Félicité, à travers le monde des
apparences, systématiquement énoncé, dénoncé et renvoyé dans
«La grotte du Néant». Gracián pulvérise les fausses valeurs, si
actuelles, de l'image, de l'ambition, du pouvoir, du lucre, en une
philosophie au marteau qui brise sans pitié les idoles clinquantes
et les faux-semblants. Il leur oppose l'éducation et la culture
qui, de l'homme brut, font une Personne consommée, exalte
l'Art, qui est «sans doute le premier emploi de l'homme dans le
paradis». Rosse, féroce, la satire s'inscrit dans une veine fantastique,
et s'écrit avec une verve fantasque qui fait du Criticon un
chef-d'oeuvre de liberté langagière, de bonheur dans le mot et
dans le jeu.
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