
Je ne m'intéresse pas ici à l'histoire d'une pensée mais à son inconscient
musical. Il s'agit de faire apparaître le jeu de résonance musicale au sein
duquel l'écriture d'une pensée a trouvé son espace. Cette neuve façon de
regarder penser est une lecture contrapunctique. Le contrepoint est l'art
suprême, la plus haute syntaxe mentale : vérité valable pour le romancier, le
poète, pour le musicien bien sûr, elle le sera désormais aux yeux de qui entend
penser.
Le contrepoint est rupture avec les voies familières, car il n'est pas discursif : il
est l'art de l'entremêlement des registres, la connaissance de leur liberté et de
leur simultanéité, il est l'art de résonner. Les réverbérations offertes par les
structures de l'espace musical ouvrent le coeur des doctrines philosophiques
d'une façon jusques alors ignorée.
La pensée de Hegel, présentée comme un «cercle de cercles», doit être conçue
plus profondément comme un contrepoint de contrepoints. Et au sein de cette
fugue hégélienne, pas une ligne dont le sujet ne soit la mélodie tissée pour
faire face à la déchirure hölderlinienne.
Ce livre écoute la pensée de Hegel se développer comme une fugue, dont, au
sein de la structure de contrepoint qui l'anime, le thème récurrent est composé
par la parole de Hölderlin : à chaque développement de l'édifice
contrapunctique hégélien, les mots du poète viennent hanter chaque pièce du
palais. Car Hölderlin est l'angoisse de Hegel.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.